mardi 22 novembre 2011

Rap et Free-Jazz: Chroniques d'une (non) rencontre pt. 4


En 2002, le critique musical Phil Freeman, dans son livre “ New-York is Now : The New Wave of Free-Jazz”, dresse un portrait de la scène free-jazz new-yorkaise du début des années 2000. Il y va alors d’une constatation assez étonnante quand il déplore le fait que le rap et le free-jazz ne se sont jamais rencontrés, qu’il attend encore le moment ou un rappeur affrontera un saxophoniste en improvisation dans l’élan de leurs souffles. Il trouve les rappeurs d’une tiédeur incomparable et raille les jazzmen dans leur tentative de franchir le pont entre les styles, dénonçant un conservatisme hypocrite. Freeman n’a pas tort, ce genre de haute-voltige mêlant rap et free-jazz est trop rare mais il serait injuste de dire que certains n’ont pas essayé. Les rappeurs ont suivi le beat, tant que la structure rythmique était soutenu en quatre temps, il était possible pour eux de poser leur flow, structuré en conséquence. D’ailleurs, peu ont essayé de déroger à cette structure. Mais il s’ensuit qu’il manque effectivement un rappeur qui saurait canaliser l’énergie d’une Patty Waters ou d’une Linda Sharrock dans ses performances...



Mais le rap est à mi-chemin entre la chanson et le spoken word. Plus contraignant que le spoken word, il se doit de respecter une rythmique et la notion abstraite du flow. C'est toujours difficile de définir ce qu'est exactement le flow, à vrai dire, c'est probablement ce qui différencie le rap du "slam" et départage les artistes opportunistes qui se lancent dans le rap. C'est bien souvent le flow qui distingue les bons rappeurs des mauvais. On pourrait avancer que le flow est une façon d'approcher la performance lyricale/textuelle afin de le rendre en chanson, mais ce ne serait pas tout à fait juste. Bref, toujours est-il que le rap se veut plus musical que du simple spoken word. Et c'est ici que le problème semble se situer. Comment départager les deux quand on sort du cadre référent du texte et de la chanson? Peut-il y avoir du rap sur une musique arrythmique? Dans la perspective que je propose ici, c’est la personne qui est plus importante que le résultat. Le rappeur, outillé à la performance vocale, à l’improvisation freestyle, peut briser le carcan et sortir du moule, cela demeurera néanmoins du rap. Et c’est en effet à ce niveau qu’on peut déplorer le manque d’audace de certains. Des rappeurs ont pourtant essayé, plusieurs bons freestylers ont tenté leur chance en formule live mais les exemples sont peu nombreux.

Dans cette tendance, il semble que la côte ouest américaine possède une longueur d'avance et s'est montrée plus à l'affût de ce genre de métissage. L'exemple le plus frappant est le crew Freestyle Fellowship et les nombreux artistes/projets qui ont découlé du Project Blowed. Peut-être est-ce aussi une forme d'héritage inconscient du Good Life Cafe. Myka 9 est probablement un excellent exemple de rappeur qui a tenté de briser le moule en développant un flow particulier en "double-time" ainsi que des tentatives d'expérimentations sur les intonations et la rythmique. Son oeuvre est riche et foisonnante d'exemples du genre, je retiens cependant comme exemple sa tentative de scat sur un beat de rap.





Pour un rappeur qui aurait reçu une balle dans la tête et a survécu, il s'en tire quand même bien.

Une autre porte d'entrée dans le West Coast va nous faire prendre le détour du label Mush, qui s'est présenté à la fin des années 90 comme la fine pointe de l’avant-garde Hip-Hop. C’est ce label qui a permis à plusieurs de découvrir l’étrange association du rap et du free-jazz. Tout d'abord, sur la compilation «Rope Ladder 12 » (2000), une des premières sortie du label, on peut entendre la pièce de Pedestrian et Doseone « Generation of Dead Beats », où un violon se laisse aller dans une improvisation déchirante à la toute fin sur un beat bancal. L'album au complet se veut une introduction au monde étrange du rap expérimental, présentant à l'auditeur une sélection quasi exhaustive de ce qui faisait à l'époque.




Mush ont aussi sorti le disque « Pyramidi » (2001) de Radioinactive. Un disque construit à partir d’échantillons de free-jazz mais qui reste très structuré, Radioinactive n’ayant utilisé que des échantillons en quatre temps. Grand fan de free-jazz, Radioinactive a aussi sorti le très bon disque "Free Kamal" avec le beatmaker Anti-Mc où on reconnaît plusieurs échantillons de jazz, dont Alice Coltrane. D'ailleurs, Radioinactive fait parti du crew Shapeshifters, avec Existereo, Subtitle et plus particulièrement Awol One. Sur ce dernier, on retient l’étrange collaboration, toujours sur Mush, avec le producteur angelino Daddy Kev « Slanguage » (2003). Une première "vraie" tentative de mélanger le free-jazz et le rap. C’est surtout la production de Daddy Kev qui est originale et qui incorpore de véritables échantillons de free-jazz; saxophone atonal, piano déconstruit et rythmiques libre. La performance d’Awol One, par contre, est plutôt fade: il freestyle sans grande conviction et la nonchalance typique de son flow semble juste flotter au-dessus des morceaux échantillonnées de Kev et des scratchs du Dj D-Styles sans vraiment plonger dans l'intensité véhiculées par les "beats".




Peut-être insatisfaits du résultat, ou convaincus qu’ils pouvaient aller plus loin, Daddy Kev et D-Styles ont retenté l’expérience et se son adjoint les services du rappeur The Grouch (toujours de Los Angeles) pour créer le disque « Sound Advice » (2003), selon moi la plus grande réussite d'une rencontre entre free-jazz et rap. The Grouch est beaucoup plus habile que son prédécesseur et parvient à déconstruire son flow pour se poser adéquatement sur la musiques beaucoup plus free. Excellent disque quoiqu'un peu court. Le morceau «Dollars For Not » est définitivement la pièce manquante de tout ce puzzle.





Il semble que Daddy Kev soit l'artisan principal de cette rencontre,chaînon manquant de l'évolution du free-jazz au rap. S'exposant à beaucoup plus de risques que la musique d'un Madlib par exemple, celle de Daddy Kev semble vouée à l'underground. On lui doit aussi la production du l'album "Cosmic Cleavage" de Busdriver, sorti sur Big Dada en 2004. Un album que plusieurs voient comme une tache dans le parcours de Busdriver mais qui reste somme toute, selon moi, son album le plus intéressant. Les beats sont très jazzy, touchant un peu au free mais quand même très structurés. Busdriver est un de ceux, de cette seconde génération du Good Life Cafe, qui a le flow assez agile pour réussir un tel exercice.



D'ailleurs, il a tenté le coup, un peu, de façon discrète. Un des projets les moins connus de Busdriver est le projet live fait avec Daedelus "Live Airplane Food", sorti en cd-r seulement. La rencontre des deux artistes s'est faite au travers du live et de l'improvisation. Daedelus est accompagné par d'autres musiciens et improvisent la musique alors que Busdriver improvise les paroles. Mais ce n'est pas de la haute voltige, tant au niveau musical que du rap...



L'autre artiste à avoir exploré l'improvisation en contexte de groupe est le rappeur Eyedea avec son projet Face Candy. Un des rappeurs les plus doués de sa génération en improvisation. Malheureusement, le décès prématuré de Eyedea a mis fin à l'exploration mais ils ont tout de même eu la chance de produire un disque intéressant mais somme toute anecdotique.
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dimanche 13 novembre 2011

Rap et Free-Jazz: Chroniques d'une (non) rencontre pt. 3


Le poète américain le plus connu pour son association avec le free-jazz est sans aucun doute Leroi Jones, connu par la suite sous le nom d’Amiri Baraka. Travaillant à l’élaboration du Black Arts Movement, Baraka s’est fait la voix des jazzmen de l’ombre, ceux qui refusaient toute étiquette et qui ne cherchaient qu’à se libérer d’un carcan musical construit par les attentes de l’Autre, le consommateur blanc. Ses collaborations les plus connues sont l’album "A Black Mass"(1968) avec le Sun Ra Arkestra, sa collaboration avec le batteur Sunny Murray sur « Sonny’s Time Now »(1965) et sans oublier le disque du groupe The Jihad « Black and Beautiful …Soul and Madness » (1968), trois albums parus sur le propre label d’Amiri Baraka, Jihad Productions, qu'on peut trouver ici . Il faut souligner aussi les magistrales collaborations au sein du New-York Art Quartet avec John Tchicai, Milford Graves, Ruswell Rudd et Lewis Worrell. Il a aussi publié le livre « Blues People » (1963), qui, s’il était écrit aujourd’hui aborderait la musique rap et si on se fie à ses dernières conférences sur le sujet, décrierait la mainmise des corporations sur la musique et l’ineptie des messages proposés par les rappeurs populaires. Mais faire le lien entre Amiri Baraka et la rap suppose de faire un pas de géant. Quand on l’entend déclamer ses textes sur la musique de Sunny Murray, par exemple, il y aune intensité, ou une liberté qui se contraint mal du rap.





Un lien plus évident, que j'ai découvert grâce à la récente réédition du disque de Bill Plummer and The Cosmic Brotherhood, nous met en contact avec un proto-rap datant de 1968. Sur la pièce « Journey to the East» Hersh Hamel, joueur de basse et de sitare, livre un spoken word rythmé et quasi chanté, sur une pièce indo-jazz psychédélique. Sa façon de déclamer son texte est beaucoup plus proche du rap que beaucoup de ses contemporains, car il intègre ici un aspect important du rap, soit le flow. Ce disque est sorti originalement sur le label Impulse mais vient d’être réédité cette année par l’étiquette Get On Down. Un excellent disque de jazz et de reprises pop avec des instruments indiens. Cela étant dit, on peut quand même se le procurer sur Mutant Sounds.




Suite aux années soixantes, d’autres poètes contemporains ont tenté l’expérience, on pense entres autres à David Budbill et sa collaboration avec le contrebasiste William Parker « Zen Mountains Zen Streets » ou le Judevine Mountain Trio avec l'ajout du batteur Hamid Drake. Mais l’association poésie et musique expérimentale demeure marginale, même aujourd’hui. Il faut explorer des réseaux de diffusions littéraires plutôt que musicaux pour dénicher les perles et quant au free-jazz, l’association se fait de moins en moins. La distinction entre free-jazz et musique expérimentale acoustique se fait aussi de moins en moins évidentes, ce qui donne lieu à des disques hybrides, improvisés mais s’éloignant du jazz. Deux disques intéressants dans le genre demeurent deux albums solos du chanteur/conteur Robin Williamson du Incredible String Band sortis sur ECM. On remarque la participation lumineuse du violoniste Mat Maneri, du contrebassiste Barre Phillips et du saxophoniste Paul Dunmall.



Beaucoup plus près de nous, on peut entendre Ian Ferrier et son disque/livre «Exploding Head Man », le poète Patrice Desbiens accompagné par le groupe Les Moyens du Bord et le disque de Fortner Anderson « Solitary Pleasures », qui sortira prochainement sur & Records, où il est accompagné de Michel F. Côté, Sam Shalabi et Alexandre St-Onge. Par contre, dans le registre free-jazz, le plus récent disque que j’ai entendu qui met en scène une parole poétique est le dernier album de Matana Roberts sorti sur le label Constellation « Coin Coin Chapter 1 : Gens de Couleurs Libres ». Parce que Roberts cherche à se réapproprier une trame narrative historique propre à son histoire personnelle, l’utilisation de la voix devient un incontournable. Par le fait même, elle a produit un disque d’une rare intensité, proche du fabuleux disque d’Eddie Gale « Ghetto Music » (trompettiste qui a joué avec The Coup). Elle utilise la voix comme l'ont fait avant elle les Linda Sharrock et Patty Waters, elle chante, déclame, hurle, crie, tout pour se réapproprier la dit-mension de la parole. Un des meilleurs disques de free-jazz écouté cette année.

lundi 7 novembre 2011

Rap et Free-Jazz: Chroniques d'une (non) rencontre pt. 2


Mais le propos qui nous intéresse est plus pointu, plus obscur, il questionne essentiellement la non-rencontre de l’art vocal du rap et du free-jazz. Et qui dit free-jazz, dit aussi « Fire Music » new-yorkais; un free-jazz urbain, afro-américain qui est né dans le même environnement que le hip-hop moins de vingt ans plus tôt. Il est étrange de parler de non rencontre, ou de non-lieu d’une rencontre, quand on parle de ces deux styles car la ville de New-York a joué un rôle important dans l’émergence des deux genres. Si le constat est plus difficile pour le free-jazz, il demeure plus évident pour l’ensemble de la culture Hip-Hop, celle-ci s’étant consolidée dans les rues du Bronx. Nous sommes au milieu des années 70. Quelques années auparavant, Albert Ayler, Ornette Coleman, Cecil Taylor, Sun Ra (de 1961 à 1970), occupent la ville et tentent de survivre comme ils peuvent en s’accrochant à leurs explorations et en réinventant les genres. Le trompettiste Bill Dixon organise de son côté l’ « October Revolution » en 1964. D’où vient la faille, la cassure entre les deux genres pourtant géographiquement très proches? Peut-on penser que l’exode massif des musiciens en Europe a fait taire le free-jazz dans les clubs et les lofts de New-York, sont caractère « uncool », son manque de commercialisation et sa nature underground ont nui à sa réappropriation par un genre musical en quête d’identité et de richesses ?



On pourrait penser que l’association avec le free-jazz, la Fire Music, aurait pu s’accomplir. Mais il semble que dans les deux démarches, une scissure infranchissable les sépare. Si le hip-hop a pris naissance dans les mêmes terreaux fertiles que le free-jazz, et s’est associé aux mêmes valeurs et revendications, comme la voix du peuple afro-américain en marge des grands courants musicaux modernes et commerciaux, ceux-ci ne se sont jamais rejoints, ou du moins, pas comme plusieurs l’auraient espérés. Peut-être que cette non-rencontre résulte d’une erreur méthodologique que plusieurs font en ce qui concerne la naissance du hip-hop et du rap en particulier. Car il apparaît pour certains que le hip-hop tient plus du reggae et du dub et que l’émergence des mc’s s’approche plus des toasters jamaïcains que des artistes spoken word. Par ailleurs, si le spoken word d’Amiri Baraka était soucieux de véhiculer un message et de s’adresser à la population afro-américaine, les premiers mc’s du hip-hop étaient beaucoup plus intéressés à faire la fête et divertir les gens…



Il est intéressant de noter au passage que les premiers poètes connus pour avoir posé leur voix soutenus par des musiciens jazz étaient associés aux beatniks; Jack Kerouac, Allen Ginsberg et surtout Leroi Jones (qui deviendra Amiri Baraka). Les deux mouvements se situant en marge de la société lors de leur rencontre vers la fin des années 50. Par la suite, les exemples les plus connus de jazz et spoken word sont ceux de Gil-Scott Heron et de son groupe The Last Poets ainsi que The Watts Prophets, ces deux groupes étant souvent considérés comme des précurseurs du rap. Mais est-ce bien vrai? L’association spoken word et jazz s’est fait naturellement au sein d’une communauté afro-américaine en pleine révolution (voir le livre "Free Jazz Black Power"). La parole devenait un élément d’émancipation, car lorsque se libère une voix qu’on a fait taire pendant deux cent ans (et plus!) elle ne peut qu’être consciente de son poids, de la force de ses mouvements. Mais la suite, dans ce continuum d’expérimentation révolutionnaire, s’est fait de façon plus discrète, moins ouverte, et surtout moins populaire. Quand les textes cherchent à passer un message, il leur faut un support permettant leur diffusion au plus grand nombre. Et le free-jazz s’avère être un mauvais médium pour atteindre cette finalité.



samedi 5 novembre 2011

Rap et Free-Jazz: Chroniques d'une (non) rencontre pt. 1


Le fanzine Tout Va Bien m'a demandé de collaborer à leur prochaine édition et j'ai accepté avec joie. Lorsqu'ils m'ont signifié que je pouvais écrire un texte de 4000 caractères, mon peu de vocabulaire m'a fait comprendre 4000 mots... Je me suis donc lancé dans l'écriture d'un article retraçant la rencontre entre deux formes d'art qui n'a presque pas eu lieu et qui , encore aujourd'hui, est dans un non-lieu (presque) malgré les différents efforts/tentatives de forcer cette rencontre. J'ai donc revu mon propos et raccourci mon texte après vérifications, mais voici quand même ce qui aurait dû être. Notez que je m'adresse ici plus aux amateurs de free-jazz que de rap et que 4000 mots c'est long, voici donc la première partie:

L’association entre le jazz et le rap s’est fait de façon naturelle, comme le rhum & Coke, la substance enivrante se diluant dans le saccharose, teintant légèrement le goût des bulles. De mon point de vue, si on poursuit la métaphore, le rap est l’agent alcoolisant et le jazz l’édulcorant. Car c’est ce qu’on retrouve trop souvent; la version diète du jazz, propre, se mélangeant trop bien aux conventions de la musique Hip-Hop la principale étant de suivre une rythmique en quatre temps. Soixante ans d’histoire du jazz ont toutefois mené à un métissage fade et peu savoureux. Enfin, pour l’amateur de jazz marginal. Car les exemples de réussites sont quand même nombreux, l’association jazz et Hip-Hop a donné lieux à de très belles rencontres et des disques grandioses, que ce soit l’esthétique du collectif Soulquarians, le mouvement Native Tongues, les grands albums de De La Soul, de Tribe Called Quest,Common, Pete Rock, People Under The Stairs, Digeable Planets... la liste est longue.





Le réputé label Blue Note à même ouvert ses voûtes au beatmaker californien Madlib,avec l'album "Shades of Blue" lui permettant d’explorer et d’exploiter un catalogue qui en ferait savourer plus d’un. Mais pas moi. Si Madlib a pousser légèrement la note avec le premier album de Yesterday's New Quintet, les autres qui ont suivi ont sombré trop facilement dans l’esthétique nu-jazz, frôlant de trop près les bases de la nouvelle muzak. On s'ennuyait donc de Lootpack. Il en va de même pour ceux qui ont tenté l’expérience avec des musiciens live, Guru et Jazzmatazz (1993) est probablement le meilleur exemple mais on ne peut pas s’attendre à quelque chose de révolutionnaire lorsqu’on collabore avec Branford Marsalis (allez lire le lien). Par chance la présence de Guru contribue à rendre cet album un incontournable du genre. Ainsi, l’amateur de rap y trouvait bien quelque chose de rafraîchissant mais l’amateur de jazz n’était que légèrement rassasié. Plusieurs années plus tard, il se produisit la même chose avec le deuxième album du trompettiste Erik Truffaz « The Dawn » sorti sur Blue Note en 1998. Truffaz proposait un jazz contemporain où il s’appropriait indûment les services du rappeur suisse Nya. À l’époque on pouvait trouver l’idée bonne mais aujourd’hui encore, le résultat à mal vieilli; du rhum cheap mêlé à un Pepsi diète flat…



Les années 90 auraient pu, quant à elles, changer légèrement le visage du Hip-Hop et du jazz mais on ne les a pas averti. Elles sont donc passé à côté. Les dangers inhérent à la génétique peuvent contribuer à donner naissance à des enfants qui se ressemblent à peu près tous, partageant le même bagage génotypique. Ainsi, ce brassage incestueux à donné naissance à l’enfant hassidim de la musique; le trip-hop. L’utilisation de la rythmique en quatre temps propre au Hip-Hop à permis l’émergence de nombreux beatmakers et DJ’s mêlant jazz et beats. L’émergence du label Ninja Tune en est un bon exemple. Certains musiciens de jazz se sont aussi baignés dans les eaux calmes du trip-hop et on fait des choses intéressantes, entres autres Nils Peter Molvaer à ses débuts avec l’étiquette ECM. Mais en se confinant à une rythmique en quatre temps, on perdait un élément qui révolutionné le jazz dans les années soixante; le jazz modal, l’improvisation, l’arythmie cardiaque