mardi 9 août 2011

Cut Hands "Afro Noise I " (Very Friendly, 2011)


Je suis très peu familier avec le groupe Whitehouse. Je ne sais pas si s'être submergé dans leur musique est un prérequis pour appréhender la musique de Cut Hands...

Cut Hands, les mains coupées. Il ne reste que des moignons noircis par le feu pour éviter que la gangrène se propage. William Bennett est un homme de concepts... et d'excès. Seul membre érigé de Whitehouse,groupe à géométrie variable depuis 1980, où Bennett et plusieurs collaborateurs ont exploré l'excès à travers la musique. Des signifiants hautement sexualisés qui servent à transgresser les tabous; perversions, viol, pédophilie, sado-masochisme... Bien souvent les mots qui ont accompagné la musique de Whitehouse étaient tout aussi provocateur et sexualisés, comme le soulignent les collaborations avec l'écrivain Peter Sotos. Est-ce que Cut Hands est différent de Whitehouse? Surement au niveau du contenant, mais je crois bien que le contenu reste le même. Je serais surpris de lire que Bennett a voulu faire un album léger avec ce projet, d'oublier les idées et les images qui infusent sa musique depuis plus de trente ans.

Si la Sharia prescrit aux législateurs de couper la main à celui qui vole, la sentence s'est pervertie et a affecté des travailleurs miniers et agricoles du Congo de l'ère coloniale. En fait, le mot travailleurs est bien ironique. Les mains coupées,; c'est le sort réservé à l'esclave qui ne sert plus à rien et dont on veut éviter qu'il travaille pour la compétition. Cette façon de faire a été décrié par plusieurs et l'élection démocratique de Lumumba ne mena qu'à son assassinat et au retour de l'exploitation.

Quel est donc le message que veut passer William Bennett avec Cut Hands, un projet dit "Afro-Noise" ? Bennett n'incarne-t-il pas le blanc colonisateur qui pille les ressources d'une culture pour la ramener à l'occident en tant qu'homme blanc conquérant? Où s'agit-il d'une oeuvre d'amour, de profonde révérence envers une culture qui le fascine? Y a-t-il une différence entre ses deux positions... bien sûr on peut nuancer. Reste qu'en raison de son parcours, je questionne l'intention.

Il y a quelque chose de profondément morbide dans la musique de Cut Hands; trame sonore d'un film afro-futuriste où des esclaves meurent dans des mines sombres, ne pouvant rêver que de la lumière du jour. Ils cherchent le salut dans la transe et la possession, les seules façons qui leur reste d'échapper à leur prison corporelle. Le mélange de noise et de percussions de style africaines est particulier. En mélangeant pecussions traditionnelles et synthétiseurs, Cut Hands parvient à créer une musique électronique hypnotisante et intrigante. Les pièces rythmées sont parfois entrecoupées de pièces de synthés mais l'introduction qu'est "Welcome to the Feast of Trumpets", avec sa rythmique plus posée est une de mes pièces préférée du disque.




Particulière aussi la vision fantasmatique de l'esclave africain qu'entretient Bennett; celle de l'animiste qui utilise la sorcellerie pour retrouver la liberté de son esprit. D'ailleurs il utilise comme image des vévés archaïques tracés par une certaine Mimsy De Blois. Dans le vaudou créole, les vévés sont tracés autour du potomitan (poteau central), la pochette du disque représente-elle ce phallus dressé à l'instar de l'album "Erector" de Whitehouse? Une chose est sûre, Bennett est parvenu à m'intriguer.




Je lisais récemment des trucs sur Throbbing Gristle, Psychic TV et leurs amis. En particulier sur le Temple Ov Psychic Youth (TOPY). Intéressante corrélation entre la magie, la sexualité et la musique

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