samedi 12 février 2011

Phil Manley : "Life Coach" (Thrill Jockey, 2011)


Encore Thrill Jockey qui nous arrive avec une excellente sortie à laquelle on ne s'attendait pas. Phil Manley est guitariste dans le groupe post-rock Trans Am et nous propose ici une incursion dans les méandres des racines de son inspiration. Tout d'abord il y a la pochette; une photo à la limite de l'horrible, de Manley jouant de la guitare sur un fond de ciel bleu et de nuages, aux motifs suprenament semblables à son t-shirt, chapeau de pêcheur en prime. Le ton est donnée, on a affaire ici à un disque vidé de toutes prétentions. D'ailleurs les titres des neuf pièces composant cet album viennent évacuer toute possibilité au sérieux de reprendre ses droits (Make Good Choices, Work It Out, Gay Bathers...). Mais l'esthétisme est au diapason de la musique du disque, nous offrant une oeuvre tellement agréable à écouter qu'elle crée une dépendance.

D'entrée de jeu, la première pièce "FT2 Theme" nous transporte dans un univers très proche du Krautrock, aux teintes d'un Tangerine Dream soutenue par des beatbox cheaps. Mais ça reste très réussi, entraînant, pouvant décocher une sourire ou même ce sentiment de toute puissance lorsqu'on écoute cette pièce en marchant dans la rue. Merveilleux sentiment nous offrant l'opportunité de croire qu'on est effectivement dans un film et que plein de bonnes choses sont au point de nous arriver. Si cette pièce est le prémisse de ce coach de vie, c'est réussi, je me sens déjà mieux.



Suite à cette égayante ouverture, le reste tombe dans un registre parfois plus sombre, plus ambiant mais somme toute empreint d'une légèreté enivrante. Un disque qui s'écoute du début à la fin, sans temps mort, que l'amateur de rock référentiel que je suis se plaît à le laisser m'imprégner dans mes moments de mélancolie...

mercredi 9 février 2011

Blue Water White Death : "S/T" (Graveface, 2010)


Dans la catégorie des disques étranges sortis l'année dernière, on peut y retrouver cette perle qui s'est subtilement glissée dans mon top 2010. La sortie de Blue Water White Death est, selon moi, complètement passée inaperçue. Et pourtant. Il s'agit ici d'une collaboration entre deux gros noms de la pop alternative soit Jamie Stewart de Xiu Xiu et Jonathan Meiburg de Shearwater. Précisons que je ne suis pas un grand fan de ces deux groupes, le seul contact que j'ai eu avec Xiu Xiu est par leur collaboration "XXL" avec le groupe italien Larsen, intitulée "?Spicchiology?", sortie sur le label Important en 2007.



Shearwater je ne connais que de nom, j'ai écouté d'une oreille distraite deux de leurs albums et n'ai pas vraiment accroché. Meiburg est aussi membre d'Okkervil River, groupe que j'aime un peu plus. Surtout à cause de cette chanson:



L'histoire derrière cette collaboration entre Meiburg et Stewart est intéressante; les deux musiciens se seraient enfermés pendant une semaine en studio et en l'espace de quelques jours ont pondu un disque exigeant et audacieux. Il émane une viscéralité prenante de chacune des 8 pistes composant le disques; une émotion à fleur de peau du chant de Meiburg et un désir d'expérimentation qui surprend l'auditeur dans chaque détours. La pièce "Death for Christmas" en particulier m'a décroché un sourire par son audace. Une guitare acoustique éparse, flottant au-dessus d'une nappe d'harmonium, des percussions apocalyptiques, le tout joué par-dessus un enregistrements de chants africains présents du début à la fin de la chanson, manifestant sa présence dans les moments les plus silencieux...l'idée est vraiment intéressante.


Sombre, glauque, torturé... l'album est lourd mais regorge de bonnes idées qui viennent barioler un disque pop d'expérimentations urgentes, un peu brouillonnes, mais qui rendent l'écoute mémorable. Chaque pièce amène avec elle son lot de surprises, par des sons qui viennent briser l'homogéinité apparente. Comme quoi il faut se méfier de l'eau qui dort... bleu est la mort, blanche est la mer...