jeudi 30 juillet 2009

Les folles


J'ai un faible pour les femmes un peu weird...je l'avoue...Je finis régulièrement par m'embarquer dans des relations un peu complexes en raison de l'instabilité émotive de mes partenaires et de mon détachement inhérent...mauvais match, je vous le confirme. Mais il y a quelquechose d'attirant dans la folie, cette folie qui nous étrangère et qui symbolise à l'extrême le discours Autre...La folie c'est ce qui nous échappe, le délire ce qui ne fait plus de sens pour nous, l'interlocuteur.

J'ai toujours trouvé que les femmes qui s'intéressent à la musique expérimentale ou qui en font, ont cette touche de folie. D'ailleurs, beaucoup de ces artistes que je connais portent l'étiquette de «borderline». Je ne sais pas comment ça se traduit chez les hommes, mais il faut bien être un peu fou pour ne pas suivre le troupeau (ou l'inverse?).

Il y a de ces chanteuses, musiciennes qui me fascinent pour cela. J'ai déjà parlé d'Erica Pomerance, mais il y a aussi Patty Waters, Patti Smith, Linda Sharrock, Joan Labarbara, Nina Simone (eh oui) .... En français cependant elles se font plus rares. Il y a bien sûr Brigitte Fontaine. J'ai été introduit au nom de Brigitte Fontaine suite au premier show de l'Ensemble Kesdjan en 2004. Après le spectacle, Alexandre St-Onge et Éric Gingras (les deux contrebassistes de la performance) disaient que ce que nous avions fait ressemblait beaucoup au disque de Brigitte Fontaine «Comme à la radio», disque enregistré à la fin des années soixante avec Areski et le Art Ensemble of Chicago. Ce disque est, selon moi, presqu'un chef d'oeuvre, le mariage quasi parfait entre le free-jazz et la chanson. Dans la même veine, les disque de Brigitte Fontaine/Areski sont aussi très intéressants, mon préféré étant «L'incendie», disque plus folk. Le mélange chanson française et musique expérimentale est rarement bien fait et Brigitte Fontaine a cependant réussi ce pari.

J'ai découvert récemment, grâce à Éric Gingras, une autre superbe folle dont je suis tombé amoureux. Il s'agit ici de Catherine Ribeiro, chanteuse française ayant sombré dans l'oubli, victime de thérapie par électrochoc et de l'ostracisme de sa famille et ses proches...Elle a enregistré quelques disque avec le groupe Alpes et ceux-ci sont fascinants, du moins ceux que j'ai écouté chez Éric. Folk complètement éclaté, free-rock, ces albums sont facilement trouvables en vinyles mais ne sont cependant plus réédités en cd et se vendent une fortune sur ebay dans ce format. Mais vous pouvez toujours tricher (merci Mutant Sounds).

Mon amie Marie-Paule Grimaldi m'a fait découvrir un soir chez elle un disque qui me hante depuis: Colette Magny Free-Jazz workshop - Transit. Chanteuse française de renom (vous la connaissez, vous?), Colette Magny collabore sur ce disque avec, entres autres Louis Sclavis. Encore une fois, une perle d'album, trouvable en LP mais oubliez le cd. C'est sortie cependant sur Le Chant du Monde, je me demande bien ce qu'il attendent pour le rééditer....surement qu'un label japonais le fasse à leur place...En attendant c'est ici (merci à MS encore)

Et pour ma part, j'ai découvert une autre folle en la personne et l'oeuvre d'Emmanuelle Parrenin. J'ai acheté récemment son disque «Maison rose», un superbe album folk expérimental paru en 1977 mais réédité depuis (!), donc facilement trouvable et commandable chez votre disquaire préféré. Oeuvre super intime où les chansons et les pièces instrumentales alternent les unes avec les autres. Les chansons avec des paroles sont plutôt orthodoxes dans leur forme. C'est surtout les pièces instrumentales qui sont géniales et qui font en sorte que ce disque se démarque de ces congénères folk/trad français. Ce n'est pas vraiment trad, mais elle utilise des instruments tels la vielle, l'épinette (des Vosges, j'imagine) et le dulcimer qui ajoutent une teinte très vielle europe.

Merci mesdames

lundi 27 juillet 2009

Singing Knives


Dans la lignée des micro-labels, je m'en voudrais de passer sous silence ce nouveau label que j'ai découvert il y a peu de temps. C'est une critique élogieuse de l'album PartWildHorseManeOnBothSides «Bataille de Battle» qui a attiré mon attention vers ce label. Duo originaire de Lyon, ceux-ci ont produit un disque assez difficile et bizarre, où la flûte se mélange à des percusssions free et où l'improvisation atteint des sommets extatiques. Malheureusement, le ssorties de ce label ne sont pas facile à trouver, si ce n'est directement sur le site du label. Lors de ma commande, je me suis procuré l'album du groupe folk Peril Hill. Étrangement, les sorties plus anciennes sur Singing Knives sont superbes, de belles pochettes sérigraphiées, superbe facture minimal sur un un carton de qualité. Je dis étrangement car les sorties récentes sont en digipak et sont définitivement un peu plus cheap...Mais bon...j'imagine que les finances de ce genre de label sont surement dans le rouge et qu'ils essayent de couper les dépenses où ils peuvent.

Deux nouvelles sorties se sont ajoutées à leur catalogue récemment soit Shiggajon et Alberorovesciato. Le premier est collectif danois qui verse dans...je suis tenter de dire le free-jazz, mais leur myspace précise que ce n'est pas du free-jazz... Donc, ils versent définitivement dans la musique actuelle et surement improvisée. Probablement que c'est la présence de cuivres qui vient coller l'étiquette jazz, mais c'est vrai que c'est tout autre. Difficile à décrire, seule l'écoute peut nous instruire. Un superbe disque qui, malheureusement à moins de 30 minutes, nous laisse sur notre faim et déçu...

Le second groupe est un duo d'italiens qui se concentrent sur les percussions mais aussi pleins d'instruments indiscernables dans une écoute flottante. C'est aussi très free, dans l'approche et l'esthétique, un peu plus tribal et percussif (!) que ce que je suis habitué d'écouter...ça se rapproche un peu du noise aussi par moment.

Quand même un label qui peut plaire aux amateurs de nouvelles musiques. Oreilles averties seulement.

www.singingknivesrecords.co.uk

lundi 20 juillet 2009


Les groupes ou les artiste qui m'inspirent au point de vouloir produire leurs spectacles se comptent sur les doigts d'une main. En 2008 j'ai tâté le terrain et à ce moment, j'ai décidé de faire venir l'inimitable Daniel Higgs avec Mike Tamburo, dont j'ai parlé ici un peu plus bas. Cette année, ce fut au tour de Paul Metzger. On peut dire qu'à chaque fois je le fais pour me faire plaisir mais cette année, cela m'a coûté un peu cher. Peu de personnes se sont présentées à ce spectacle, à mon grand désarroi, et ce fut un show déficitaire...

Naturellement, je ne cesse de le répéter, dans ce genre de musique il ne faut pas avoir d'attentes. Ça me ramène naturellement à un show que j'ai fait il y a quelques années, en première partie de Jeru the Damaja aux Foufs. Ce soir là je me suis fait huer pour la première fois de ma vie...Pourtant, je croyais servir un un set assez pop et accessible...Je ne crois pas que c'était mauvais, seulement un peu ardu et peut-être un peu long pour le genre de soirée. Ça m'a fait beaucoup réfléchir... J'en suis venu à la conclusion qu'un véritable artiste est quelqu'un qui continue à créer malgré les huées. Qui se rappelle des Boredoms en première partie de Nirvana à l'auditorium de Verdun? Ils se sont fait lancer des bouteilles et ont continué avec plus d'énergie que jamais. Continuer à faire de la musique sans se soucier de ce que les gens vont penser n'est pas donnné à tout le monde. La plupart des gens font de la musique pour être aimé, on ne se le cachera pas. C'est une façon d'aller chercher une forme d'amour, d'attention ou d'énergie sexuelle très efficace et , surtout, une façon pour la personnalité de prendre le dessus sur la création. Bon, je rentre dans les discours ésotériques...désolé... Peu de gens en occident créent par nécessité. Ce n'est pas par survie qu'ils le font, pour l'acte de créer en soi, mais pour tout les à côté que ça rapporte. J'ai déjà eu une bonne séance d'argumentation à ce sujet avec MGM et je constate à chaque fois que peu de gens partagent cette opinion. Dans la société idéale d' Hakim Bey , l'artiste fait partie d'une sous-caste (un peu comme dans certaines société traditionnelle) et ne tire pas d'avantage de sa création si ce n'est l'élévation spirituelle de sa communauté. Naturellement, l'élévation spirituelle peut prendre bien des chemins et musicalement se concrétiser dans biens des genres musicaux.

Pourquoi j'écris ça? Car je ne crois pas qu'au principe de plaisir tel qu'entendu au sens commun. Je ne crois pas non plus que la musique devrait servir qu'à des fins hédonistes , permettant aux gens d'oublier leurs problèmes et avoir du plaisir. Je crois au pouvoir transcendant de la musique, à sa force de réflexion et d'introspection, à son caractère sacré...Je commence à être exaspéré par la généralisation de la musique drôle, ludique, humoristique au Québec. Tellement de groupe et de gens que j'apprécie, qui sont des amis, mias dont la musique m'enrage car ils ne donnent pas l'impression de se rendre compte de ce qui est en train de se passer...

Si j'ai à organiser un autre spectacle, ce serait de Theo Angell, qui avait sorti le superbe album "Dearly Beloved" en 2006 sur Amish records et aussi "Auraplinth" sur Digitalis , accompagné sur celui-ci des Tabernacle Hillside Singers. Avouez qu'avec un backing band de ce nom il se doit venir au Québec au plus vite... Son plus récent disque s'appelle "Tenebrae" (toujours sur Amish) et est un superbe accomplissement en matière de folk. De superbes pièces méditatives, d'autres plus rythmées, des paroles touchant à la perte de l'Autre, à l'ombre et à la lumière...



Permettez-moi de trouver du plaisir dans la substance et le transcendant...

dimanche 12 juillet 2009

Feed and Seed records


Il y a quelques années, j'ai entendu parler d'un certain Ed Yazijian, collaborateur occasionnel des Sun City Girls. Celui-ci venait de sortir un album solo intitulé "Six ways to avoid the evil eye" et les critiques étaient élogieuses. Introuvable sur le web, ce n'est que quand j'ai découvert le blog fm-shades que j'ai pu me le procurer. Sur le blog il y avait un lien pour le downloader mais aussi un lien menant au label qui venait de rééditer le disque. J'ai été bien surpris en découvrant le label Feed & Seed, surtout car ce label était canadien et basé à Vancouver. C'est étrange comment on entend jamais parler de ce qui se fait au Canada en musique expérimentale. Bien sûr, on connaît Alien8 et Constellation mais après...Connaissez-vous Fig Records?Feed & Seed? Probablement que non. Et pourtant...Il s'agit ici de micro-labels mais qui s'évertuent à sortir des artistes de qualité, oeuvrant dans le domaine marginalisé de la musique expérimentale (et aussi le domaine invendable...). Ça prend donc une bonne dose de dévouement pour continuer à sortir des albums, sachant très bien que chaque sortie sera déficitaire...

J'ai donc commandé à ce moment l'album de Ed Yazijian mais aussi celui de Saluda Grade, Hildegard, Owl Klub et Chesterfield Gorgeous. Ils m'ont même ajouter un album gratuit! Dernièrement, Feed & Seed viennent de sortir une série de cd-r 3" . Normalement je n'aime pas trop acheter des cd 3". Il y a quelquechose dans le format qui me dérange, la brièveté des albums aussi...Mais là j'ai fait une exception. Premièrement car il s'agissait d'une autre sortie solo de Ed Yazijian mais aussi d'un cd de Sam Shalabi en duo avec Magneticring. Le premier est principalement des excursions abstraites au violon et le second un superbe mélange de oud et de synthétiseur qu'on aimerait qu'il ne finisse jamais.

www.feedandseedrecords.com

samedi 11 juillet 2009

Jewelled Antler Library


En 2003, mon magazine de musique expérimentale préféré a commencé à parsemé ses pages de la section critique d'un nom inconnu: Jewelled Antler Collective. Les sorties étaient régulières et les nom intriguant: Thuja, Blithe Sons, Ivytree, Hala Strana, Franciscan Hobbies... Le point commun entre toutes ces critiques était que toutes ces parutions m'avaient l'air des plus intéressantes. On parlait d'improvisation, d'instruments accoustiques, de folk, de drones, d'enregistrements lo-fi sur des 4 tracks à l'extérieur...Plein de choses qui ont vite alimenté mon imaginaire fébrile, avide de nouvelle musique.

Peu de renseignements circulaient sur ce collectif, on savait qu'il étaient originaires de la côte ouest américaine et que les principaux musiciens se nommaient Loren Chasse, Glenn Donaldson et Steven R. Smith. C'est finalement au Cd Ésotérik que j'ai pu me procurer mes premiers disques du Jewelled Antler, soit Blithe Sons et Franciscan Hobbies. Depuis, ce temps, j'accumule les sorties de ce collectif. Naturellement, plusieurs labels se sont intéressés à ces groupes et les albums sont devenus plus facilement disponibles en raison d'une meilleure distribution. Cette année, le label Porter a sorti un coffret de quatre cd's regroupant les sorties rares du collectif, disponibles seulement via un abonnement de 12 mois (en 2003) sous forme de cd-r 3".

On ne retrouve pas que du Jewelled Antler dans ce coffret, il y aussi des musiciens associés au mouvement folk expérimental, d'europe et des États-Unis. Les disque sont réparties en quatre livres, et chacun est marqué par «footpaths» de différentes sources; interludes /transitions de field recordings/ drones.

Le livre 1 regroupe: Loren Chasse, Tomes, Ivytree et Hala Strana. On est dans le noyeau du collectif, outre la prtie solo de Chasse, on retrouve Glenn donaldson sur tous les autres titres, étant la figure de proue des trois autres projets. Des trois, seul Tomes n'a pas de sortie officielle.

Dans le livre 2 c'est les amis Dead Raven Choir et Uton qui occupent la majeure parti du disque. Le reste est un autre projet obscur de Donaldson et Chasse accompagnés de la chanteuse Eleanor Harwood , nommé The Famous Boating Party. Ces dernier sont une belle découverte.

Livre 3, d'autres amis: Claypipe de Nouvelle Zélande (le génial Anthony Milton), The Muons et Thuja, un des groupes les plus connu du collectif composé de Smith, Chasse, Donaldson et Rob Reger.

Le dernier livre est lui aussi une belle surprise avec les finlandais Kemialliset Ystavat, l'américaine Fursaxa et un autre superbe projet méconnu du collectif; The Ways of God to Man, où Chasse et Donaldson sont accompagnés de Christine Boepple et Kerry Mclaughlin.

Les grands oubliés de cette compilation (le groupe existait-il à l'époque?) sont surement Skygreen Leopards, le goupe le plus pop/accessible du collectif.

Beaucoup de musique à découvrir...

jeudi 9 juillet 2009

Ma scène locale pt.1


Hier il y avait les show the Sam Shalabi «Egyptian light Orchestra» à la Sala Rossa. Ce show était prévu en avril 2009 mais a été annulé en raison de maladie dans la famille Shalabi. Ce n'était que partie remise et on en a eu plein les oreilles. En regardant l'orchestre assemblé sur scène par Sam Shalabi, je n'ai pu m'empêcher de penser à la richesse de notre scène local et à la qualité des musiciens présents sur scène. Quand je parle de scène locale, j'omet cependant volontairement d'inclure les groupes francophones...Patère Rose? Coeur de Pirate? Misteur Valaire? Le Husky? Chocolat?...pour moi ces groupes n'arrivent pas à la cheville de ce que des musiciens comme Sam Shalabi accomplissent ou ont accompli.

Je crois que Sam incarne bien une réalité artistique montréalaise et qu'il est malencontreusement laisssé pour compte à bien des niveaux. Excellent guitariste, oudiste, compositeur, électronicien, il est à l'avant-plan de la musique expérimentale depuis près de dix ans avec son groupe Shalabi Effect et a une reconnaissance internationale dont peu peuvent se targuer. Tandisque les groupes francophones ne bénéficient que d'un rayonnement local, il y a toute une scène anglo qui explose. On dira que c'est justement dû à la barrière de la langue...permettez-moi d'en douter. La bonne musique s'exporte, peu importe la langue. Donc, pour revenir au show, j'ai vu sur scène Alex St-Onge, Thierry Amar, Gavin Sheean, Elizabeth Anka, Molly Sweeney, Katie Moore,Radwan Moumneh....Des artiste qui ont un potentiel énorme et une créativité incroyable. Depui la parution du disque «Eid» sur Alien8, Shalabi en est train de nous amener là où plusieurs ont échoué avant lui; dans le monde de la pop. En composant des chansons et en y incorporant la musique orchestrale moyen-orientale, Shalabi fait fi des frontières et vient nous balancer un mélange de musique électronique expérimentale, de free-jazz, de ballades accoustique, de chansons et de classique oriental en pleine figure. Pour notre plus grand bonheur. Sorti plus tôt cette année, l'album «Land of Kush» sur Constellation est la suite logique de «Eid» et est pour moi un des meilleurs disque paru en 2009 pour l'instant. L'album «Egyptian Light Orchestra» se voudra surement l'album le plus pop de la trilogie et si on y plaque une certaine logique (la mienne , en l'occurence), peut-être le dernier. Car effectivement, si l'album ressemble à ce qu'on a vu en show se sera superbe, mais on aura aussi bouclé la boucle. Le reste risque de devenir redondant, à moins que ce groupe permette un cross-over dans la musique populaire et sorte quelques disques. Mais Sam Shalabi est une machine de créativité et ce serait surprenant qu'il se contente que d'un projet.

J'attends avec impatience la suite logique des choses, mais j'attends encore plus l'album de Jerusalem in my heart, projet solo de Radwan. À chaque fois que j'assiste à une performance où que je l'entends chanter sur les projets de Sam, j'ai des frissons. Jerusalem in my Heart est pour moi une sorte d'apothéose de marketing et de musique incarné en la personne de Radwan qui semble contrôler ce projet d'une main de maître; esthétique musicale, visuelle, scénique... Tout semble approprié et pensé...L'autre projet que j'attends est le projet «De la Caucase». J'ai eu la chance d'acheter le démo de quatre titres à l'Oblique avant que le gars ne les reprennent et c'est vraiment excellent. D'ailleurs, les deux collaborent régulièrement ensemble...pas surprenant...

Voilà un peu ma scène locale...je me fiche un peu des Arcade Fire, Wolf Parade, The Dears et des autres sensations musicales. Il y en a qui opèrent dans l'ombre et qui s'attirent bien plus mes éloges...

Je reviendrais sur la scène locale qui m'inspire plus tard, dans d'autres post, question d'y réfléchir un petit peu aussi.

mardi 7 juillet 2009

Master Musicians of Bukkake: «Totem 1»


Les Sun City Girls sont morts!!! Longue vie aux Sun City Girls!!!

Au risque de me répéter, SCG est un des groupes m'ayant le plus influencé; dans leur démarche, leur attitude et leur longévité. Je ne suis surement pas le seul, car en plus de vingt ans de carrière musicale, ils ont dû influencé pas mal plus de gens qu'on croit. Pour ma part, c'est surtout leur série Carnival Folklore Resurrection qui m'a emporté dans un tourbillon de découvertes; le mélange des genres, les teintes orientales, l'utilisation d'instruments ethniques, l'attitude «Fuck it», la folie inhérente à leur jeu...

Master Musicians of Bukakke ne se sont pas auto-proclamé les successeurs des SCG mais plusieurs les voient comme étant de dignes héritiers. Leur premier disque est d'ailleurs paru sur le label Abduction (label des SCG). Lors de la sortie de cet album je n'ai pas vraiment trippé, il y avait des moments que je trouvais un peu trop heavy. Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai pu réinvestir leur musique en l'appréciant vraiment. Plusieurs années se sont écoulées depuis la sortie de « The visible sign of the invisible order» en 2005. Ce disque se voulait un mélange hallucinant de fausse musique ethnique, de chants extatiques et de coups de feu. Leur nouveau disque vient tout juste de paraître mais sur un autre label cette-fois (conspiracy records) et est le premier d'une trilogie (ça on aime ça!). On ne s'éloigne pas beaucoup du premier album, mais on sent un peu plus de focus de la part des musiciens et, c'est possiblement le fait qu'il y ait moins d'invités qui permet cette concentration. Même genre donc de faux-ethnique, incorporant cette-fois des éléments plus rock me faisant penser à Secret Chiefs 3 dans les moments plus heavy (il y a d'ailleurs un invité du groupe sur le disque). Ça ressemble effectivement un peu à la musique des Sun City Girls (d'où la présence d'Alan Bishop sur une pièce j'imagine) mais la folie en moins.

Le nom Master Musicians of Bukkake est lui-même lourd de sens. Clairement un clin d'oeil aux Master musicians of Jajouka, une région situé en Afrique du Nord (Maroc). Mais pour ceux que ça intéresse, le mot bukkake en japonais signifie ceci . Pour faire un peu de psychanalyse sauvage, on voit clairement le lien entre la musique et la jouissance. Groupe de musiciens masculins qui jouissent d'une façon identique sur un objet, récipient de leur liquides séminaux. A-t-on affaire à une forme de fétichisme dans cette pratique? Peut-être. On peut faire le lien avec la musique orientale comme l'objet fétiche, et la démarche des musiciens comme une façon de satisfaire leur pulsion sexuelle dans la recherche de ce grand Autre que peut symboliser l'Orient, ses mystères, etc... Grossier me direz-vous mais ô combien stimulant...

D'ailleurs, l'utilisation du totem n'est-il pas aussi une forme de fétichisme? J'ai hâte à la suite...

http://www.conspiracyrecords.com/

http://www.myspace.com/mastermusiciansofbukkake

http://www.suncitygirls.com/abduction/

lundi 6 juillet 2009


Je n'ai jamais été fervent de l'auto-promotion. C'est pour ça que je n'encenserais pas plus qu'il n'en faut me sorties. J'aime cependant expliquer la démarche artistique qui se trame derrière ce que je fais. Cette semaine, c'est la sortie de deux ep's d'Héliodrome en cd. Chacun des disques est limité à 50 copies et dure un peu plus de 25 minutes chaque. Ça faisait un bout de temps que je souhaitais enregistrer de l'impro avec Héliodrome et un contrat lucratif au Festival Voix d'Amériques m'a permis de mener à terme ce projet. J'ai donc réservé une date au studio Pines dans Griffintown et appeler mes collègues afin de voir avec eux leurs disponibilités. Depuis près de 10 mois, Héliodrome en show est un quintet et plus qu'un duo. Se sont rajoutés à la formation Éric Gingras (contrebasse, synthés), Léon Lo (violon) et Olivier Borzeix (charango, banjo et autres petits instruments). Nous nous sommes donc rencontrés à trois reprises préalablement à l'enregistrement, histoire de savoir ce que nous allions faire. Nous étions tous d'accord avec l'idée de l'impro mais il fallait une certaine structure. Nous sommes partis de l'idée d'un cover que nous avons fait en show, soit la pièce «Comme à la radio» de Brigitte Fontaine. Nous n'étions pas à l'aise cependant de la reprendre et de l'enregistrer. Ce fut tout de même l'idée directrice qui nous inspira à puiser dans nos influences musicales des morceaux siginificatifs, un peu comme si on les échantillonnait. De plus, Éric a amené une de ses compositions à la contrebasse qu'il avait fait en s'inspirant justement de Brigitte Fontaine et une autre pièce s'est crée en improvisant dans le salon de Ypl. Les reste allait être des impros pures et dures.


Lors de l'enregistrement, Dave du Pines nous a fait remarqué que le mix d'instruments accoustiques et d'un mpc allait être un peu spécial et qu'au final, cela risquait de faire dur. De plus, il ne semblait pas convaincu à l'idée d'enregistrer la voix dans la même salle que les instruments et en même temps qu'eux...Mais nous avons fait à notre tête. Aussi, pour moi de l'impro c'est un échange entre des gens, où chacun s'inspire mutuellement l'instant d'un moment de créativité partagée. L'énergie qui circule dans ces moments est vitale, se mettre à part serait en quelque sorte anathème...Je ne crois pas que Dave ait vraiment trippé à enregistrer notre projet, déjà que ce n'est pas la personne la plus expressive, son attitude générale ne laissait pas présager qu'il y prenait son pied. J'ai d'ailleurs adoré son commentaire à l'égard de Ypl concernant son jeu de drum au mpc :« ...It feels like someone is hitting the pads randomly...» en d'autres mots...que c'était un peu amateur ... mais bon, c'était que pour une pièce. Au final, ce fut une journée très productive et en 5-6 heures avons pu enregistrer ce que nous souhaitions, avec les beaux moments et les moins bons.


Disque 1: «Allons, livrons-nous au culte des étoiles»

Le titre est une citation hors contexte de la Thora, commentée par Emmanuel Lévinas dans son livre «Du Sacré au Saint». Le culte des étoiles, c'est se détourner de la véritable démarche spirituelle. C'est des chansons, certaines d'une durée de trois minutes, certaines avec des mélodies accrocheuses, ceratines avec des refrains, certaines au plus proche de ce que nous avons fait de plus traditionnel au niveau rap/hip-hop. Un contraste majeur avec l'album d'Héliodrome , où la chanson la plus courte est d'environ six minutes, où les textes ont plusieurs niveaux de significations, où plusieurs takes ont été nécessaires pour avoir le résultat voulu. Ici, c'est brut. Pas de deuxième niveau dans mes freestyles, parfois je me trompe mais continue comme si de rien était, parfois je me répète et parfois je suis si inspiré que je me surprends moi-même. Dans ce disque, on a utilisé nos pièces préparées; la ligne de contrebasse d'Éric, un ligne de basse empruntée au Art Ensemble de Chicago (la toune ou ypl passait pour un déficient!) et une mélodie empruntée à Joakim Skogsberg. Le reste c'est de l'impro, dont une pièce instrumentale.


Disque 2: «Il n'y a plus de fleurs au jardin des hommes»

Autre citation hors contexte provenant d'une bd cette fois-ci. Un passage à CISM en novembre 2008 nous avait donné l'idée de faire un raga indien (disponible sur myspace) intitulé «Le raga des morts». Nous avons décidé d'en faire un version épique en cinq mouvements et avec moins de paroles. Sur cette pièce je joue de la clarinette et improvise un texte d'une durée de 3-4 minutes environ à mi-chemin de la pièce. Le reste est extatique et transcendantal (je pèse mes mots). Nous l'avons écouté au Atom Heart dimanche dernier à un volume assez haut et j'ai été hypnotisé par ma propre musique, le drone de tambura venant chercher l'auditeur avec sa basse profonde et cet espèce d'overtone qui se crée dans le jeu de slide de Ypl est fascinant... Ce disque est complétée par une version «remixée» de la pièce instrumentale du premier disque, gracieuseté de Scott Da Ros.


Scott à d'ailleurs mixé la totalité des pièces et Vid Cousins a fait un mastering de base qui cependant est très efficace...Les appréhensions de Dave lors de l'enregistrements n'ont d'ailleurs plus cours. À mon oreille du moins...


Mentionnons au passage les superbes pochette de A&A, qui a donné généreusement son art sous la containte et la menace, son blog http://lecabinetdenora.blogspot.com/


Disponible en show. Quelques copies aussi à l'Oblique et au Atom Heart. Par ailleurs, nous allons faire un mini lancement le 25 juillet à l'Oblique avec rafraichissements, écoute et performance.



Et voilà auto-promotion terminée, de retour à notre beau programme dans quelques instants...


jeudi 2 juillet 2009

Le langage des oiseaux


J'ai découvert la musique de Mike Tamburo au cd Ésotérik. Ils avaient le cd en tablette mais je ne trippais pas vraiment sur la guitare accoustique à l'époque. C'est grâce à Myspace que suis entré dans l'univers de cet artiste incroyable. Myspace offrait un outil de réseautage formidable et j'ai commencé à joindre des groupes et des forums, en particulier celui de G.I. Gurdjieff et de la 4e Voie. En faisant des recherches, je suis tombé sur la page de Mike Tamburo et vu qu'il citait Gurdjieff comme une influence majeure. Je l'ai donc naturellement ajouté comme ami. J'ai d'emblée également commandé son cd sur internet afin de redécouvrir ce à quoi je n'avais pas accroché. Il faut dire que depuis, je m'étais grandement intéressé aux guitaristes folk un peu weird. Ce disque s'intitule «Beating of the rewound son» (?) et c'est sorti sur Music Fellowship.

Écoute agréable au départ, mais ce disque a gagné en profondeur lorsque j'ai commencé à l'utiliser pour écrire un texte que j'avais déjà commencé, qui parle des femmes, de mon attirance envers elle et surtout de ce jeu effarant entre les deux pôles définissant la sainte et la prostituée, ou comment je me promène à l'intérieur de ce paradoxe. Je trouvais que l'ambiance qui se dégageait du disque était vraiment propice à l'écriture de ce texte. Pour la deuxième partie du texte, où je traite du côté plus négatif des femmes qui m'attirent, je trouvais que la pièce 4 (met la quatre!!) se prêtait admirablement bein aux émotions que j'essayais de véhiculer. Ça m'a prit un certain temps avant d'aller voir ce qu'était le titre et je suis tombé de haut en en prenant connaissance : «Something about dangerous women»...

J'ai d'emblée communiqué la chose à mon nouvel ami Myspace (!), d'autant plus qu'on partage un intérêt commun pour les idées de Gurdjieff. En effet, Gurdjieff a avancé l'idée d'un art objectif, qui est capable de transmettre quelquechose objectivement, un enseignement, aux gens. Cet art serait considéré comme étant véritable. C'est ce que j'ai souligné à Mike Tamburo, comment en écoutant une pièce instrumentale, ignorant le titre et pour travailler sur un texte déjà commencé, quelquechose m'avait été «passé». Suis-je le seul ? Possiblement. Mais ça m'a suffisamment marqué pour prendre cet évènement en considération. D'autant plus que peu de temps après, j'avais commencé à écrire un texte intitulé «Le langage des oiseaux». Ceux qui connaissent un peu le soufisme vont y voir la référence au livre du même nom de Attar. Seulement, en surfant sur les Myspace, j'ai vu sur la page de Tamburo qu'il s'apprêtait à sortir un disque intitulé «Language of the birds»... Peut-être que ce n'était que des coincidences sans significations, mais à ce stade-là j'ai commencé à en douter.

«Language of the birds» s'est avéré un superbe coffret de sept cd's musicaux et d'un dvd de courts-métrages réalisé par Mike Tamburo. Superbe coffret assemblé à la main, avec une musique toute aussi belle. N'étant cependant pas adepte de cinéma expérimental, le dvd m'a laisé un peu froid...Mais considérant l'ampleur de la chose, ce n'est qu'un détail minime... Ainsi, en février 2008, avec l'aide de la Casa Del Popolo, j'ai organisé la première soirée de musique expérimentale inspirée des écrits de G.I. Gurdjieff. Avec l'Ensemble Kesdjan en première partie, j'ai fait venir Mike Tamburo et Daniel Higgs, deux figure de proue du la scène folk-expérimentale américaine et deux adeptes des écrits de Gurdjieff. Superbe soirée, probablement un des meilleurs shows auquel j'ai assisté de par la variété et la profondeur de la musique.

Mike a été logé chez mon ami Justin et le lendemain du spectacle nous nous sommes réunis pour enregistrer des trucs ensemble. Emballé par le résultat, Mike a même décidé de rester une journée de plus et de continuer les enregistrements avant de retourner chez lui à Pittsburgh. Ces séances ont été enregistrées par mon ami Colin et ce n'est que cette semaine que j'ai finalement pris les bons trois heures nécessaires à downloader la première journée et à écouter les résultats. Sans prétention, pour de la musique improvisée, c'est de la grande musique improvisée et j'espère bien un jour pouvoir sortir les meilleurs moments en cd/vinyl .

De plus, quelques semaines après son passage à Montréal, Mike m'a téléphoné pour me remercier, disant que son séjour ici avait changé sa vie, que sous l'influence de Justin, il avait commencé à manger cru, à faire du yoga et qu'il avait perdu près de cinquante livres...

De rien Mike, tu seras d'ailleurs toujours le bienvenue à Montréal.

www.miketamburo.com
www.myspace.com/tamburo